3 Novembre 2025
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il n’y a qu’un quart des enfants « pré-scolarisables » qui vont en maternelle.
Le boum démographique qui suit la Libération et la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans va entraîner une augmentation des effectifs scolaires et, pour y répondre, il va falloir de nouvelles classes.
Quarante enfants bien sages qui, même assis, portent les mains dans le dos, comme la maîtresse ! Les porte-manteaux sont dans la classe, au fond.
En février 1954, une enquête à propos de l’hygiène est effectuée dans 603 écoles du département de la Seine-et-Oise : 27 % n’ont pas de lavabos, 54 % de savon, 57 % d’essuie-mains et 88 % de papier hygiénique ! Pourtant, « les bonnes habitudes à acquérir à l’école seront un capital pour les chefs de famille et les maîtresses de maison de demain ».
En 1954, Pierre Mendès - France qui est président du Conseil (soit l’équivalent du Premier Ministre actuel) créé le Haut Comité d’Etude et d’Information sur l’Alcoolisme.
Il veut lutter contre la malnutrition et l’alcoolisme précoce des Français. Il instaure la distribution d’un verre de lait quotidien et un morceau de sucre pour les écoliers. Cette décision n’est pas bien accueillie et certains l’accusent de vouloir relancer l’industrie laitière, au plus bas après la guerre, pour que les fermiers votent pour lui.
Il avait expérimenté cette mesure pendant l’hiver 1937-38, quand il était député de l’Eure, en faisant distribuer un tiers de litre de lait par jour aux enfants d’Evreux.
Le 18 septembre 1954, il s'adresse à la radio aux cinq millions d'enfants qui s'apprêtent à retourner en classe après les grandes vacances. C'est un moment touchant et rétro. Il leur parle comme un grand-père : "Je vous vois assis à vos bancs, mes petits amis, encore un peu intimidés par la rentrée. Il se peut qu'un rayon de soleil, pénétrant par la fenêtre, vous rappelle soudain les moments de liberté dans les bois ou dans les champs et que, tout naturellement, vous vous posiez cette question : pourquoi donc faut-il aller à l'école ? Je vais vous le dire … pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! » alors qu’il est courant à cette époque de donner de la bière ou du vin aux enfants.
De cette décision viendra son surnom de Mendès-Lolo.
En 1956, il fait interdire toute boisson alcoolisée dans les écoles pour les enfants de moins de 14 ans. Au-delà de cet âge, les enfants peuvent (avec l’accord de leurs parents) consommer des boissons ne dépassant pas 3° d’alcool par litre donc ce sera de la bière, du cidre léger ou du vin coupé d’eau.
L’alcool est donc interdit dans les cantines. Il était de coutume de servir (selon la région) de la bière, du cidre ou du vin, dans les maternelles et les écoles primaires. A cette époque, il y a encore de nombreux endroits où on ne boit presque pas d’eau à la maison car beaucoup de communes ne possèdent pas de réseau d’eau potable.
Avant cette date, ce n’est pas une préoccupation entrée dans les normes sanitaires. On croit que « au même titre que la viande, le vin donne de la force aux enfants », les aide à rester en bonne santé, favorise leur croissance et stimule leur esprit.
Le vin est la « boisson des dieux » donc un « symbole de protection fort ». C’est aussi une initiation, entre un père et un fils : être un homme et boire du vin, symbole de virilité. Un homme qui ne boit pas est suspect.
Il y a aussi un intérêt économique, particulièrement dans les régions viticoles : plus la région est productrice, plus les enfants sont incités à en boire.
On en fait la promotion sur les timbres, les buvards, …
Les récoltes de betteraves vont donc être orientées vers la production de sucre et non plus d’alcool. Les bouilleurs de crus (amateurs ou professionnels) seront donc surveillés pour qu’il n’y ait pas de fraude.
Officiellement, par une circulaire, la consommation d’alcool dans les établissements scolaires ne sera interdite, pour l’étendre aux lycées, qu’en 1981 !
Depuis 1904, le Pr Calmette, pour lutter contre la tuberculose lance un appel pour la création de cantines afin de lutter contre la malnutrition des enfants et leur exposition à la tuberculose.
En 1937, la sous-secrétaire d’Etat à l’Education Nationale dans le gouvernement de Léon Blum préconisait l’obligation de construire un réfectoire dans toutes les nouvelles écoles mais aussi d’en aménager un dans les établissements existants. La seconde Guerre Mondiale va largement freiner les efforts engagés.
En 1947, le 1er « restaurant d’enfants pilote » va être créé à Montgeron dans l’Essonne sous l’impulsion de Raymond Paumier, instituteur, nutritionniste et maire de la commune. Ancien résistant, il est conseiller de Pierre Mendès-France et sera également à l’origine de ce qui deviendra la Protection Maternelle et Infantile (P. M. I.). Le modèle de cantine qu’il propose sera repris dans le monde entier.
A Saulx, jusque-là, la plupart des enfants rentrent manger le midi à la maison. La décision, dès la première mandature de Jean-Marc Bernard (Maire du 8 mars 1959 au 18 mars 1989) de créer une cantine scolaire est adoptée lors de la séance du 1er décembre 1959 du Conseil Municipal. C’est la finalisation d’une délibération du 27 juin 1959 et il est prévu une somme de 500 000 francs pour son fonctionnement.
Le 23 septembre 1959, une délibération fixe le prix des repas :
20 ans plus tard, en 1979, 50 000 repas par an sont servis dans « les cantines » de Saulx. Le prix de revient d’un repas est de 12.50 F (nous sommes passés aux « Nouveaux Francs » en 1960) et les tarifs s’échelonnent de 3.50 F à 11.50 F selon le quotient familial
Les élèves sont en classe mixte, en maternelle, puis du CP au CM1, puis, en CM2, les garçons et les filles sont séparés.
Classe de CM2 et préparation au certificat d’études. La classe est située à l’école Louis Mouchard. La photo est prise dans la cour, au dos du bâtiment de l’entrée (cabinets médical et infirmier d’aujourd’hui)
L’instituteur, M. Duval, est aussi directeur de l’école des garçons. Son épouse, Mme Duval, est institutrice de la classe de CM2 et directrice de l’école des filles.
Rang du bas : Bernard Gilbert, Jean Cornu, Gérard Seigneur, Lionel Mignier, Jean-Jacques Hordesseaux, Daniel Aury, Daniel Joncourt, Jean-Pierre Dugué, Jean-Claude Marchand, Roger Hordesseaux, Jean-Claude Dassy.
Rang du milieu : Alain Girard, Claude Liot, André Jatteau, Daniel Gueudin, ? Cassard, Jean-Pierre Dramard, Martial Rabier, Bernard Languille, Marc Thomas, Jean-Claude Giroix, ? Chable.
Rang du haut : François Languille, Francis Maupu, Jean-Pierre Bourgeois, Alain Hervé, Daniel Petitsigne, Jean-Noël Le Ferrec, Jacky Biard, Maurice Guillamet, Jacques Rondeau, Patrick Mouchard.
(les points d'interrogation indiquent les prénoms non retrouvés)
La réforme de 1959 du ministre de l'Éducation nationale, Jean Berthoin, prolonge l'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans. Les classes de fin d'études primaires disparaissent peu à peu, avec l'allongement de la scolarité obligatoire, puis la mise en place du collège unique en 1975.
De 1802 à 1959, les lycées sont des établissements financés par l’Etat avec un 1er et un 2ème cycles, de la classe de 6ème à celle de la terminale.
L’institutrice est Mme Rigaud. La photo a été prise à l’école « du bas », mais la classe était « en haut », derrière la mairie, dans la cour de droite, au fond, à droite.
Les cours complémentaires assurent un enseignement primaire supérieur de la 6ème à la 3ème. En 1960, avec l’allongement de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, ils seront remplacés par les collèges d’enseignement général (CEG)
En 1959, les lycées sont répartis en : classique, moderne ou technique (anciens collèges techniques et écoles nationales professionnelles)
Les centres d’apprentissage proposent de continuer pendant 3 ans à la fin de l’école primaire.
Merci à Gérard pour avoir retrouvé le nom de la plupart de ses camarades, à Michel et à Marie-Claude pour avoir fouillé dans leurs archives afin de nous fournir certaines photos.
Comme d’habitude, si vous pouvez nous apporter des précisions, compléter les listes de noms ou éventuellement rectifier, n’hésitez pas !